Bénédiction
d'un Orgue ------------------------------- Cette célébration qui nous révèle le rôle donné par l'Église à cet l'instrument |
L'Église a une pensée sur l'orgue, comme le prouve
l'article 12 de la Constitution sur la Sainte Liturgie du deuxième Concile du Vatican :
" On estimera hautement, dans l'Église latine, l'orgue à tuyaux, comme l'instrument traditionnel dont le son peut ajouter un éclat admirable aux cérémonies de
l'Église et élever puissamment les âmes vers Dieu et le ciel. "
Mais c'est surtout la bénédiction d'un orgue, contenue dans le très officiel Livre des bénédictions, qui nous révèle le rôle que tient
cet instrument dans la liturgie de l'Église et le sens qui est donné à son jeu.
Rituel de la bénédiction
IL se peut que bien d'entre nous n'aient jamais eu l'occasion de participer à la bénédiction d'un orgue. Il est cependant très utile pour toutes les personnes concernées, que cette bénédiction existe et comment elle se passe. Le déroulement de la célébration et les deux textes principaux ci-après, permettront à chacun de connaître ce que l'église pense de l'orgue (et donc des organistes !) et quel rôle elle attribue à cet instrument.
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La célébration commence par un chant qui est pris a capella |
Prière de Bénédiction
Ce que pense
l'Église de l'orgue et des organistes est, ici, on ne peut plus clair. Un mot cependant sur le troisième
paragraphe. Il affirme avec conviction que l'orgue est le symbole de l'Église et même de l'Eucharistie. Comme l'assemblée, il est fait de membres différents et complémentaires : des petits et des grands, des graves et des aigus, des éclatants et des discrets... Bien plus, en étant un seul instrument fait d'une multitude de tuyaux, il est l'image de l'eucharistie qui est un seul pain fait d'une multitude de grains :
" Comme ce pain rompu, autrefois disséminé sur les montagnes, a été recueilli pour n'en faire plus qu'un, rassemble ainsi ton
Église des extrémités de la terre dans ton royaume ", dit la
Didactie, premier texte chrétien non biblique datant des années 100.
Saint Paul avait dit encore plus nettement de l'Eucharistie :
" Le pain que nous rompons n'est-il pas communion au corps du Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, nous sommes tous un seul corps ; car nous participons à cet unique pain" (1 Co 10, 16-17).
Et lorsque l'orgue soutient le chant de l'assemblée par son accompagnement, c'est vraiment la voix de
l'Église qui se fait entendre, soutenue par son symbole instrumental.
Invocations adressées à l'orgue par le célébrant
L'orgue est maintenant béni et c'est alors que va se produire l'événement tant attendu où, pour la première foi s, il va faire entendre sa voix. Mais l'Église a tenu à ce que cet instant solennel soit lui-même ritualisé. Pour mieux intégrer l'instrument au " ministère " liturgique qu'il aura à accomplir, le célébrant va donc l'invoquer par huit fois, en détaillant la diversité de ses fonctions : |
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Louer le Père (1),
le Fils (2)
et l'Esprit (3), |
Éveille toi !
La première des invocations commence par cette invitation :
" Éveille-toi, orgue, instrument sacré ! " Cette formule vient tout droit de l'admirable phrase du psaume 56
que l'on retrouve dans le 107 : " Éveillez-vous harpe, cithare,
que j'éveille l'aurore ! ". Cette citation psalmique renforce évidemment le caractère liturgique de l'action
et donc, du rôle de l'orgue. |
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Orgue, instrument sacré, Orgue, instrument sacré, Orgue, instrument sacré, Orgue, instrument sacré, |
La célébration s'achève par la bénédiction de l'assemblée introduite par ces mots qui élargissent encore le sens et la portée de l'action :
"
Que le Seigneur, qui est digne de toute louange,
vous accorde de le chanter sur terre de bouche, de coeur, et par toute vie,
et qu'il vous donne de chanter au ciel le cantique nouveau, éternellement. "
Si l'on n'est pas à la messe, l'orgue joue le cantique de sortie ou commence le concert.
Pour la petite histoire
Pour la petite histoire
il est juste de dire que l'idée de ces invocations vient de Bernard GAVOTY, organiste des Invalides,
qui prétendait qu'elles provenaient d'un rituel gallican du XVIIIème siècle qui, hélas, malgré des recherches, n'a jamais été retrouvé. |
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Extrait de l'article de Claude DUCHESNEAU
paru dans Préludes n°10 et 11 de 1995