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Les symboles
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et leur langage secret

Du monde visible au monde invisible, l'art roman parle par symboles.
Nous sommes alors invités à découvrir derrière chaque image, chaque figure, un sens caché.

Historique    ici  


" Moulin christique "


Génies du vent

Le moulin christique
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C'est l'un des symboles les plus aboutis de l'abbaye de Vézelay, un des hauts lieux de la sculpture romane. A gauche, un prophète (Moïse ?) déverse des grains de blé dans l'entonnoir d'un moulin. Dessous, l'apôtre Paul recueille la farine dans un sac. Ce blé c'est l'Ancien Testament ; la farine qui ressort, la parole divine du Nouveau testament. Entre les deux, affinant la matière brute, c'est Dieu que symbolise le moulin. La conversion nous explique le chapiteau, n'est pas un aboutissement, mais une transformation, un travail sur soi. Ce parallèle entre conversion et transformation de la matière se répète dans l'abbaye. Plus loin le chapiteau des Génies du vent, montre 4  personnages tenant ce qui pourrait être des ruches où le pollen est transformé en miel par le travail de abeilles.

 

Diables et diableries
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Historique     ici  



" Le Désespoir "
Chapiteau de la Basilique de Vézelay

Créatures sataniques
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La représentation du diable et de ses créatures - telle cette figure du Désespoir se perçant le flanc d'une épée - obéit à un véritable code iconographique. La tête joue un premier rôle : visage convulsé, yeux exorbités, nez proéminent ou, au contraire, écrasé, oreilles dressées, velues, cheveux hérissés comme les flammes de l'enfer, bouche grande ouverte. La langue, lieu privilégié du péché à l'époque médiévale, est souvent exhibée. quand au corps, il est nu, parfois velu, souvent contorsionné. Dans la figuration romane, toute torsion, tout déséquilibre sont signes de péché ou de châtiment. Le diable porte souvent cornes, pieds et queue de bouc. Quand il a des ailes, ce sont généralement des ailes de chauve-souris ; lorsqu'elles ressemblent à celles des anges, c'est pour rappeler que le démon est un ange déchu.


" Tentation de saint Benoît "
Basilique de Vézelay
Tentateurs et tentés
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Pour l'homme médiéval, les risques de damnation sont si grands, les chances de salut si minces, que la peur l'emporte sur l'espoir. Dans les églises, les scènes de tentation sont nombreuses : la tentation de saint Benoît est représentée deux fois à Vézelay. On le voit ici debout devant un couple démoniaque composé d'un démon et d'une femme tentatrice. Sur la droite du registre, il se jette torse nu dans un buisson pour se sauver, par la douleur, des tentations de la chair.

 


Chapîteau de l'église de
Gourdon en Bourgogne
Faux démons
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Toute créature étrange n'est pas diabolique. Épousant l'architecture, l'anatomie se décompose parfois arbitrairement sur des schémas décoratifs, comme la spirale ou la palmette, en une recherche purement esthétique.


La pendaison de Judas
Salle capitulaire de la Cathédrale d'Autun
Pendaison
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La nudité et la corde sont deux attributs du pécheur attendant son châtiment. Cette scène de la pendaison de Juda est inspirée d'une légende ancienne, construite autour de l'Évangile de Matthieu. Juda, pris de remords après le supplice du Christ, rapporte ses 30 deniers au grand prêtre puis va se pendre à la branche d'un figuier. Une fois mort, son ventre s'ouvre, ses entrailles en sortent et son âme s'exhale par l'anus.


Simon le magicien.
Nef de la Cathédrale Saint Lazare d'Autun
Chute
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La chute est l'un des thèmes favoris des artistes romans. L'une des figurations les plus frappantes est sans doute celle de Simon le Magicien sur ce chapiteau de la cathédrale d'Autun. Ce sorcier vivant à l'époque des apôtres propose à Pierre d'acheter le secret qui lui permet de réaliser des miracles. Comme celui-ci refuse, Simon le défie devant Néron, se prétendant doté de pouvoirs supérieurs et capable de voler du haut du Capitole vers les cieux, comme le Christ lors de son ascension. Il n'y parvient qu'un moment grâce aux ailes que lui a fixées Satan, dans le dos, mais dès que Pierre commence à prier, il s'écrase sur le sol.


L'Avarice à gauche - la Vérité à droite
Nef de la Cathédrale de Vézelay
Crimes et châtiments
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Pour les théologiens médiévaux, l'enfer plus qu'une fin en soi, est un avertissement. Le pire, c'est la privation de Dieu. Mais les artistes romans rivalisent d'imagination pour inventer des scènes de supplices épouvantables. A chaque type de péché est peu à peu associé un type de châtiment : l'image devient ainsi une leçon morale. Ici l'Avarice, à gauche, portant deux bourses d'argent dans les mains, grimace de terreur sous le doigt accusateur de la Charité. A droite, la Vérité écrase sous ses pieds la Calomnie, lui extirpant la langue avec une tenaille.


Nef de la Cathédrale de Vézelay
Dévoration
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C'est l'un des autres supplices favoris des sculpteurs romans. Damnés dévorés par des oiseaux, des fauves, des dragons, des griffons, toutes sortes de créatures monstrueuses. Un chercheur, Raphaël Guesugara, a montré que les personnages dévorés par la tête étaient le plus souvent des moines ou des clercs, par les pieds, des laïques.

Ève maudite
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Historique     ici  


La femme aux serpents
église de Gourdon en Bourgogne

Serpentines
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La femme aux serpents apparaît d'abord dans la sculpture languedocienne avant de se répandre en Aquitaine et dans le Centre. Figure de la luxure, elle se montre nue, le seins mordus par deux reptiles. L'art roman est globalement asexué, et lorsque les femmes ont des attributs sexuels marqués, ce sont généralement des pécheresses aux poitrines tombantes et animales. Comme dans cette autre image de la luxure (ci-contre), cheveux hérissés et serpent rampant vers le sexe.


La luxure
Basilique de Vézelay


Ève
Cathédrale d'Autun


Séductrice
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Tout en courbes sinueuses, cueillant la pomme de sa main gauche, l'air de rien, tandis qu'elle appuie son menton sur sa main droite d'un air rêveur, cette Ève nue dégage une incroyable impression de sensualité, rare dans l'art de l'époque. Elle figurait sur un linteau de la cathédrale d'Autun et fut peut-être sculptée par maître Gislebertus, un des rares artistes connus de l'art religieux médiéval, car son nom figure au tympan du portail occidental.

Le bestiaire mystique
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Historique     ici  


Le roi des chimères.
Chapelle du château Tyrol
à Mérano en italie
Le roi des chimères
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C'est le roi des serpents, et le plus redoutable d'entre eux. Comme le diable, le dragon a des ailes et une queue ; il porte une crête sur le dos, ses pattes sont énormes, ses griffes longues et acérées, son haleine redoutable, son regard terrifiant. sur son corps, des lignes ondulées traduisent l'idée de viscosité, fréquente dans le bestiaire démoniaque. Invincible, il règne sur les trois mondes, souterrain, terrestre, aérien. Seuls des saint sont capables de le terrasser. Ils le foulent alors aux pieds en une parabole de l'Église victorieuse du paganisme et des forces du mal. 


Chapiteau de la cathédrale d'Autun
Plumes et écailles
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Les oiseaux fantastiques envahissent l'imagerie médiévale, qui les montre souvent dévorant des damnés. Les écailles, lorsqu'elles gagnent tout le corps, ne sont plus seulement une figuration des plumes, mais un signe fortement négatif. Parmi les chimères diaboliques figure ainsi le basilic - être mi-coq, mi-serpent - né d'un oeuf de coq couvé par un crapaud, qui projette un venin meurtrier avec ses yeux. Il peut tuer d'un seul regard. mais il est aussi des oiseaux merveilleux tel le Phénix qui renaît de ses cendres, en un évident symbole de résurrection christique.


église de Gourdon en Bourgogne.

Monstres et merveilles
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Le monde médiéval, qui repousse peu à peu ses frontières, imagine des mondes extraordinaires, peuplés d'êtres étranges, aux confins des mers. L'Orient méconnu, l'océan Indien, que l'on pense alors fermé, sont des réceptacles infinis de rêves et de merveilleux. Les encyclopédies médiévales sont ainsi remplies d'êtres fantastiques, tels les sciapodes, ces hommes monstrueux vivant en Inde ou en Afrique, qui ne possèdent qu'un pied gigantesque, dont ils se servent pour se protéger du soleil ou de la pluie.


église de Gourdon en Bourgogne.
Le front des lions
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Parmi les félins - panthères, chats ou guépards, souvent difficiles à différencier - le lion est le plus représenté. Très présent dans la bible, il devient définitivement le roi des animaux à partir du XIè siècle, en Europe, à la place de l'ours que l'Église rejette, car trop marqué par ses origines païennes. Le thème des animaux affrontés, abondant dans la sculpture et l'enluminure romanes, est un motif purement esthétique, copié sur les tissus qui enveloppent les reliques venues d'orient.

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Historique

Le langage des symboles et leurs secrets

" Pour la pensée romane, la plus spéculative comme la plus ordinaire, chaque objet, chaque élément, chaque être vivant est la figuration d'une autre chose qui lui correspond sur un plan supérieur ou éternel et dont il est le symbole " écrit l'historien Michel Pastoureau. Forme, couleur, matière, nombre, animal ou végétal, personne réelle ou imaginaire : il y a, derrière l'apparence, toujours un sens caché. La thématique du " voile ", qu'il faut soulever pour découvrir la vérité, emplit à ces époques la littérature comme les arts libéraux.
Cette imbrication du concret et de l'abstrait existe aussi bien dans les couches savantes que dans les milieux incultes. Mais le niveau de lecture n'est pas le même pour tous. Dans l'art roman, il y a le message moral, compréhensible par chacun, cette lutte permanente du bien et du mal qui endosse toutes les figures de la nature et de l'imaginaire. et le message plus subtil de l'exégèse qui tente de lire dans le monde, dans ses harmonies, l'enseignement de Dieu.
L'interprétation de ces symboles n'est pas simple. toutes les images ne sont pas signifiantes. tels entrelacs de corps déformés, hybrides, à deux têtes ou multiples queues, peut obéir à des impératifs plus esthétiques qu'idéologiques : la sculpture romane se soumet en effet aux contraintes imposées par l'architecture dont elle souligne les rythmes, s'étirant ou se condensant selon les exigences du plan, du cadre ou de l'emplacement.
Certaines images aussi, restent hors de notre compréhension, car nos savoirs et nos sensibilités ne sont pas ceux d'un Moyen Age pour qui, par exemple, le bleu était une couleur chaude et le castor, qui vit dans l'eau, un poisson. Leur emplacement - à l'intérieur, dans la nef ou la crypte, dans le choeur ou sous le proche ; à l'extérieur, au centre du tympan ou sur un modeste modillon - leur confrontation, la redondance des mêmes thèmes au sein d'un édifice, les différences ou discordances dans cette redondance : tout cela imprime, de plus, aux figures, un sens particulier que nous percevons mal. Face à la profusion d'images qui foisonnent dans les édifices romans, notre regard s'égare, s'émerveille, s'étonne et parfois, à son tour, soulève un coin du voile.

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Historique


Diables et diableries

Alors que le diable est rare dans les églises jusqu'à la fin de la période carolingienne, l'art roman le projette sur le devant de la scène. A partir du XIè siècle, souligne Michel pastoureau, sa figure est presque aussi présente que celle du christ. Il est accompagné d'un aréopage d'acolytes monstrueux et autres créatures dépravées qui viennent tourmenter une humanité fragile. Pour les hommes du Moyen Age, le diable n'est pas un être lointain, mythique, sa présence est perceptible dans la vie quotidienne. Nombreux sont les témoignages de rencontre avec la créature des enfers. Le moine et chroniqueur Raoul Glaver raconte ainsi l'avoir vu de près à trois reprises.
Dans ces images d'un diabolisme sans fin, qui révèlent l'ambiguïté du monde et le pouvoir du menteur, dans cette mise en scène de la laideur, de la nudité, de la peur et de la souffrance, les artistes roman, que l'on voit souvent empruntés lorsqu'ils représentent le bien ou les vertus, font preuve d'une inventivité et d'une expressivité infinies.

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Historique


Ève maudite

Conçu dans les milieux monastiques, l'art roman est profondément misogyne. Pour es théologiens du Moyen Age, Ève est la principale coupable de la chute et de l'expulsion de l'homme du paradis terrestre. Et toutes les femmes sont des Èves potentielles, redoutables, autant que le démon dont elles sont souvent l'instrument. Des créatures imparfaites, doubles inachevés et défectueux de l'homme, dont on se demande encore si elles ont ne âme de même nature que celui-ci, ou une âme animale.
Cette misogynie s'explique en partie par la haine du corps professée dans ces milieux : l'incarnation est vécue comme l'humiliation de dieu. L'horreur du corps culmine dans ses aspects sexuels : la chair est diabolisée, assimilée à un lieu de débauche. C'est ainsi, explique le médiéviste Jacques le Goff, que le christianisme médiéval transforme le péché originel, qui est un péché intellectuel, d'orgueil, en péché sexuel. le mariage lui-même, considéré comme un pis-aller (" Mieux vaut se marier que de brûler ", dit Paul) est enfermé dans un tel réseau d'interdictions et de règlements qu'il donne aux couples dévots peu d'occasions pour s'unir.
Dans l'art roman, il n'y a donc presque pas de place pour la femme, autrement que tentatrice et coupable. L'image de Marie va cependant, à partir de l'an mil, monter au firmament des églises. Nouvelle Ève , Ève rédemptrice elle bénéficiera bientôt d'un culte fervent. Témoignant de la nouvelle place prise par la femme dans une société médiévale qui découvre la courtoisie.

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Historique


Le bestiaire mystique

Le grand réservoir de symboles pour les lettrés et les artistes médiévaux, c'est la nature. Minéraux, végétaux, animaux, tous sont catalogués, avec leurs attributs, et leur signification, dans les lapidaires, floraires et bestiaires qui occupent une place de choix dans les bibliothèques médiévales. Parmi ces figures, les animaux, qu'ils soient réels ou légendaires, sont les plus représentés. Images obligées de tout système symbolique, ils sont partout, attributs et emblèmes de dieu, du diable ou des saints. A tel point que saint Bernard dit des églises de son temps qu'elles sont de véritables ménageries !
La licorne, créature sauvage que seule une vierge peut approcher, représente le Christ.
Le
lion, qui dans les bestiaires fit revivre de son souffle ses petits morts-nés, symbolise la résurrection, tout comme le pélican. L'aigle, l'ascension. L'aspic, sorte de dragon qui, écrit Honorius d'Autun, " Quand il entend, colle une oreille contre terre et bouche l'autre avec sa queue... " est l'image du pécheur qui ferme ses oreilles aux paroles de vie ". Quant au hibou, il figure l'aveuglement du peuple juif fermant les yeux à la lumière du Nouveau Testament. Un symbolisme parfois ambivalent, contradictoire, avec des animaux tour à tour bénéfiques ou maléfiques, comme le lion qui peut aussi devenir l'animal cruel du livre des psaumes, ou l'aigle, une image de l'orgueil et de la rapacité.

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