le Paon
On l'a appelé
" l'oiseau aux cent yeux ". Quand il
fait la roue, légèrement incurvée vers l'avant, le spectacle, aux couleurs délicates et variées,
demeure fascinant : une perfection, une merveille de la nature. La tête, sur un cou
gracile, porte une huppe légère. Il évolue avec élégance.
Hélas, quelle
distance entre le plumage et le ramage : son cri répété - Léon ! Léon ! - est
extrêmement disgracieux. Quel dommage ! Alors " Sois beau et
tais-toi " !
Il y a quatre mille ans on le rencontre en Inde et c'est un oiseau solaire. On le voit monté par Bouddha : sa roue évoque alors le firmament étoilé. Il est une image de prédilection dans l'art Hindou ancien. Symbole d'immortalité, il sert aussi de monture à plusieurs dieux, notamment Kârttikeya, dieu de la guerre, qui chevauche un paon (Ci-contre, Bronze, Deccan, XIVè s.) nommé Paraväni.
Quand il est représenté avec un serpent (symbole des obscurités souterraines) dans le bec, il signifie la victoire de la lumière sur les ténèbres. Il chasse en effet les reptiles et on a dit parfois que l'éclat de ses plumes provenait de la transmutation de leur venin. Ce pouvoir de changer un liquide qui donne la mort en élixir de beauté somptueuse, a fait de lui un symbole d'immortalité. Il n'en reste pas moins vrai que les tons irisés qu'offre le plumage du paon ont pour origine la réfraction et la réflexion de la lumière sur des couches kératinisées. Ces phénomènes donnent aux mâles leur beauté renommée.
L'art chrétien fait souvent figurer deux paons autour de l'arbre de vie ICI , symboles de l'immortalité et de la joie éternelle. Dans la Grèce antique, le paon était associé à Héra (Junon chez les Latins), épouse de Jupiter. L'Islam voit dans le bel animal un symbole de l'univers, ou de la pleine lune, ou du soleil à midi.
Est-il orgueilleux ? Depuis le Moyen Age, il personnifie ce péché capital, et on l'accuse aussi, dans les siècles suivants, de vanité et de suffisance. Enfin, il faut lui reconnaître des capacités météorologiques. Vingt quatre heures avant l'orage, il manifeste une vive excitation sexuelle, et il pousse son cri. En Inde, on n'entend pas " Léon ! " comme en France, mais " Minhas ", ce qui signifie " La pluie vient ".
--------
--------
HAUT de PAGE