Grand Orgue Moucherel
--------------------------------
cathédrale st Just - st Pasteur
Narbonne
--- Aude ---

En savoir plus    ici   

Historique    ici   

- Pédale crescendo
- 5 boutons appel combinaisons
- 1 bouton annulateur
- 2 boutons ajustables

Le BUFFET
De tous les buffets d'orgues du XVIIIe français, celui de Narbonne est sans conteste un des plus beaux. C'est une construction hardie, imposante, mais aussi élégante, harmonieuse et équilibrée (hauteur : 23 m - largeur : 12 m - tribune à 14 m du sol). Dans la cathédrale inachevée, choeur gothique de 42 mètres sous voûte, l'orgue est accroché au mur du fond en porte-à-faux au-dessus des stalles. Construit, comme celui d'AIbi par Christophe MOUCHEREL, facteur d'orgues originaire de Toul, il a été terminé en 1741, sous l'épiscopat de Jean-Louis de Berton de Crillon.
L'orgue de Moucherel est un " grand 16 Pieds " construit de 1739 à 1741. Il se compose de trois parties : le bas ou tribune de l'orgue, le positif posé dessus et enfin " le grand corps " de l'orgue dominant l'ensemble.

La TRIBUNE est supportée par le plus gigantesque piédouche monté en France, large culot orné de chaque côté de 6 immenses palmes de laurier prenant leur origine à une corniche de feuilles d'acanthe. Aux angles, deux grandes feuilles d'acanthe renversées, prolongées par une chute de fleurs et de fruits. Sous le positif, le médaillon sculpté porte la croix du Chapitre des Chanoines, entouré de deux palmes nouées d'un ruban, et surmonté d'une couronne de laurier. Les côtés du culot sont cintrés et percés d'une couronne à jour. Une élégante balustrade encadre l'orgue.

Le POSITIF de DOS comporte 5 tourelles de 5 tuyaux chacune, reliées par 4 plates faces, le tout posé sur 4 guirlandes de fleurs. Sous les hautes tourelles sont placées deux têtes de " papotier " enturbannées non articulées. Les 63 tuyaux sont retenus en haut par des lambrequins évidés et sculptés. Sur chaque tourelle, est juché un ange musicien ; en suivant sa partition, l'ange du centre bat la mesure ; son voisin de gauche joue de la flûte traversière, celui de droite du hautbois. Aux extrémités, l'un joue du basson, l'autre de l'ophicléide ou serpent. Une chute de fleurs et de fruits suspendue à un anneau descend de chaque côté.

Le " GRAND CORPS" de l'orgue, partie supérieure de l'instrument, comporte un soubassement élevé qui rend l'ensemble du buffet plus léger et plus élégant. Deux panneaux de bois sculpté représentent des instruments de musique : harpe, violon, violoncelle, ophicléide, luth, hautbois, fifre, lyre, trompette, flûtes, flûte de pan sont emmêlés et retenus par des rubans.
Aux angles du buffet, deux atlantes engainés et musclés, ceinturés d'une guirlande de fleurs supportent les tourelles extrêmes. 6 guirlandes de fleurs et de rosés relient les 5 culots soutenant les autres tourelles. Le grand cul-de-lampe central soutenant les 5 grands tuyaux de la Montre (16 pieds) est formé de rinceaux sculptés et terminé par un gland en amortissement.
Au-dessus, une frise court sous les tuyaux des 7 tourelles et des 6 plate-faces. Les 7 tourelles du grand corps dessinent une mitre. L'imposante " Montre " de 8 et 16 pieds est composée de 109 tuyaux retenus en haut par des lambrequins finement sculptés et évidés ; une tête d'ange orne celui de la tourelle centrale. Au-dessus de la grande tourelle et couronnant tout l'instrument, Notre Dame de l'Assomption est soutenue par deux anges. Ses pieds reposant sur deux têtes de chérubins (statue de 2,50 m de haut et l,70 m de large).
De chaque côté, les statues de Saint Just et Saint Pasteur tenant la palme du martyre ;
sur les tourelles basses deux grands vases de fleurs ; sur les tourelles extrêmes, deux anges sonnant de la trompette et tenant des rouleaux où sont écrits les deux versets du Psaume ("renommées") :

" Laudate Dominum in sono tubae "
" Laudate eum in chrodis et organo ".

L'ensemble des tourelles et plate-faces de tout le buffet d'orgue est couronné, d'architraves et frises de l'ordre corinthien uni sans sculpture. Le côté monumental et majestueux du buffet et sa somptuosité sont à l'échelle de la haute cathédrale au choeur unique de Narbonne.

Texte établi par Pierre Louillet  RETOUR

Le buffet actuel a été précédé d'un orgue " gothique " construit en 1493 par Nicolas PETIT, placé sur un jubé ; il était composé de deux parties entièrement séparées : le grand corps de 12 pieds (2 claviers de 42 touches et 1 pédalier de 8 notes : 19 jeux) et le " Petit Orgue de la
Musique " de 6 pieds (1 clavier de 38 touches : 7 jeux) servant à l'accompagnement des chants et des instruments.

A plusieurs reprises, cet orgue fut réparé et modifié : 1530 par Gaubert et Jean Jalée, 1537 par Pierre Bardon, 1639 par Guillaume Condols de la Rivière, 1658 par Robert de Launay.
En 1660, inventaire de l'orgue : grand corps (3 claviers - pédalier : 32 jeux). Petit Orgue de
la Musique (Un clavier-pédalier : 11 jeux). De 1697 à 1701, restauration de Jean de Joyeuse terminée par Henry Lesclop.
Le 2 Octobre 1727, par l'imprudence d'un ouvrier chargé de l'entretien, l'orgue, le jubé et les stalles sont incendiés.

Christophe MOUCHEREL (1686-1765 ?) construit l'orgue actuel, mais en l'accrochant au mur du fond (1739-1741). L'instrument coûta 24.000 livres et une rente viagère de 360 livres, il comportait 4 claviers et pédalier : 48 jeux dont 14 d'anches. Malgré la splendeur du buffet, l'instrument présentait de graves défauts : mécanique très dure, houppements, gravures trop petites des sommiers, insuffisance de la soufflerie.

Aussi de 1766 à 1770. Jean-François L'Épine (1732-1817) reconstruisit presque en entier l'instrument (4 claviers, pédalier : 47 jeux). C'est à ce moment, comme l'a reconnu Dom Bedos de Celles dans son procès-verbal, que l'orgue sonna à l'apogée de sa beauté classique. Le coût fut de 13.200 livres.

En 1793 la cathédrale devient temple de la " Raison " et Notre-Dame de l'Assomption déesse de la liberté avec les " attributs démocratiques ". L'organiste joue des airs patriotiques et sauve son orgue de la destruction... Le 2 juin 1796, l'orgue est considéré comme " un monument précieux et un chef d'oeuvre qui mérite d'être conservé "...

1807 : réparations par Compardon ;
1833 : l'orgue est relevé par Loiselot (facteur de Paris) ;
1840 : intervention de Puget ;
1843-1844 : Augustin Zeiger, de Lyon, reconstruit l'orgue en modifiant son caractère classique (boite expressive, 3 claviers, pédalier, 39 jeux). Coût : 17.000 francs. La mécanique se montra vite déficiente et l'orgue injouable. Théodore PUGET (1799-1883) fût choisi par le Conseil de Fabrique pour refaire l'orgue. Les travaux durèrent de 1856 à 1858 et coûtèrent 10.034 francs. L'orgue se trouva alors au sommet de sa sonorité romantique (3 claviers, pédalier à " l'allemande ", machine Barker, jeux romantiques).

Juillet 1926 : le Comité des Amis de l'Orgue de Saint-Just, fondé en 1910, mais réanimé vigoureusement par Joseph RIVEL, prit avec l'aide de la Caisse Nationale des Monuments Historiques, l'initiative de restaurer l'orgue. Grâce aux très importantes donations de Joseph ROMAIN et de Louis BERTHOMŒU, la restauration pu être réalisée de 1925 à 1927 suivant l'esthétiquc de l'époque : 3 claviers dont deux expressifs, système " Unit " pour la pédale, transmission tabulaire, suppression du positif de dos, ventilateur électrique, console moderne, revernissage  du buffet...
Ces grands travaux avaient exigé la construction d'un échafaudage de 35 mètres de hauteur. Cet instrument fut très apprécié des organistes, en particulier Joseph Bonnet qui en fit l'inauguration le 23 Octobre 1927, Marcel Dupré, Alexandre Cellier, Eugène Reuchsel, etc. Mais faute d'entretien régulier vers 1980, l'instrument donnait des signes de grande faiblesse. En octobre 1982, la Ville de Narbonne, propriétaire de l'orgue, entreprend la restauration, optant pour une transmission électrique. Deux tranches de travaux sont prévus, confiés à Bertyl SOUTOUL, facteur d'orgues de Nîmes. La première tranche est terminée et a été reçue solennellement le 19 Septembre 1993. Reste la deuxième tranche comportant la restauration du Positif de dos, l'amélioration de la soufflerie et la pose d'un combinateur.

Héritière du passé, l'Association " Les Amis des Orgues de Narbonne " continue l'oeuvre entreprise par Joseph RIVEL. Suivant les travaux concernant les orgues de Narbonne, elle
organise des concerts et veille à la sauvegarde du patrimoine " organistique " de la Ville. Elle développe toutes les activités culturelles autour des orgues et souhaite l'ouverture d'une classe d'orgue au Conservatoire pour former les bons organistes que méritent ces magnifiques instruments. La possession de tous ces beaux orgues, (Saint-Just, Saint-Paul, Saint-Sébastien) est un honneur pour la Ville de Narbonne, mais c'est aussi une charge : les instruments font partie du patrimoine historique de la ville.  

  Texte établi par Pierre Louillet   RETOUR